Témoignages

Je suis xxxx. je viens de Syrie où je vivais à xxxx. Là-bas, j'étais guide touristique pour les anglais et les italiens, des langues que je parle couramment. Je faisais visiter les plus beaux lieux de la Syrie comme Alep, Damas ou Palmyre. La Syrie est un pays chargé d'histoire qui possède de nombreux sites archéologiques. Vous savez, c'est un lieu important dans l'histoire des religions aussi bien chrétienne, juive que musulmane. Mais depuis la guerre, tout a disparu.

Avant d'être guide touristique j'ai eu d'autres vies : j'étais professeur des écoles et même mécanicien ! Mais surtout, depuis mes 17 ans, je suis engagé dans la politique de mon pays. J'étais dans l'opposition au régime dictatorial et capitaliste en place. En Syrie il n'y a pas de parti d'opposition comme en France. Du moins, ce n'est pas autorisé publiquement. Tout doit se faire en souterrain. Pendant toutes ces années où j'étais au parti communiste, j'ai joué un jeu d'équilibriste pour éviter la prison. C'est très compliqué de pouvoir critiquer le gouvernement.

Lorsque le printemps arabe est arrivé et que tous les pays autour de nous se sont enflammés, nous avons cru que nous pourrions enfin renverser la dictature et parvenir à un état démocratique, mais la révolution dure aujourd'hui depuis 8 ans. Elle s'est transformée en guerre. Elle aura causé un million de morts et 10 millions d'expatriés.

Moi, je suis parti en 2013, lors de l'intervention russe. La situation était vraiment intenable pour les opposants politiques et la vie était beaucoup trop dangereuse. Alors, avec ma femme et mes deux enfants, nous sommes partis pour la Turquie où ous sommes restés 3 semaines. Puis on s'est envolé pour la Grèce. Là-bas, il y avait une importante communauté syrienne. On y était en sécurité mais on n'arrivait pas à vivre. Il n'y a pas beaucoup d'aide pour les réfugiés. Alors nous sommes partis pour la France.

Aujourd'hui, j'aimerais emménager dans une grande ville comme Strasbourg pour trouver du travail, même si, à mon âge, ce n'est pas facile. Si j'osais rêver, je voudrais retourner à l'université pour étudier la sociologie, l'histoire et les religions. Cela m'intéresse beaucoup. Mais plus que tout j'aimerais que la guerre se termine en Syrie pour pouvoir retourner dans mon pays.